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Légistations et politiques

Cette partie détaille les législations et politiques internationales, nationales, régionales et communautaires en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. 

Cadre international

La Convention d’Istanbul : premier cadre juridique contraignant

La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre les violences à l’égard des femmes et la violence domestique, dite « Convention d’Istanbul » est entrée en vigueur en 2014. Il s’agit d’un texte international historique en matière de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes que la Belgique a ratifié en 2016.

La Convention d’Istanbul criminalise différentes formes de violences à l’égard des femmes. Elle reconnait que les violences à caractère sexiste touchent de façon disproportionnée les femmes et constituent une atteinte à la dignité humaine et une violation des droits humains. Elle porte également sur les garçons et les hommes en tant que victimes potentielles.

Ce texte fixe des obligations contraignantes pour la Belgique. Elle définit un cadre juridique et oblige les états à mettre en place des politiques coordonnées afin de prévenir les violences, de protéger et d’aider les victimes et de poursuivre les auteurs.

Découvrir les 4 piliers de la Convention d’Istanbul.

Le mécanisme de contrôle

Un mécanisme de contrôle pour garantir la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul par les Etats signataires a été mis en place :  

Le GREVIO (Groupe d'experts sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique) est un organe indépendant du Conseil de l'Europe. Le GREVIO évalue les mesures mises en œuvre par les États qui ont ratifié la Convention d’Istanbul, effectue des visites, élabore des rapports et formule des recommandations pour améliorer les politiques nationales. 

La Belgique doit donc régulièrement rendre des comptes auprès du GREVIO.

Le COPA ou « Comité des Parties » est composé de représentantes et représentants des États Parties à la Convention. Il formule des recommandations aux états signataires sur base des points prioritaires et conclusions contenues dans le rapport GREVIO.

Vers les rapports GREVIO et les recommandations du COPA : https://www.coe.int/fr/web/istanbul-convention/belgium

La Directive européenne sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique

La Directive sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique du 14 mai 2024 renforce l’efficacité des instruments juridiques de l’Union européenne et comble les lacunes en matière de protection, d’accès à la justice, de soutien, de prévention, de coordination et de coopération. 

La Directive impose à tous les États membres de prévoir des infractions pénales pour une série d’actes et de comportements tels que les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, ou encore la cyberviolence. La Directive porte une attention particulière sur la protection des enfants.

La Belgique, comme les autres États membres de l’Union européenne, doit transposer cette Directive au plus tard pour juin 2027.

Cadre national belge

Le Code Pénal

La réforme du droit pénal sexuel entrée en vigueur le 1er juin 2022, intègre notamment la notion de consentement, apporte une nouvelle définition du viol et définit de nouvelles infractions, telles que la diffusion non consentie de contenu à caractère sexuel, l’incitation au suicide,...
Les peines concernant les infractions sexuelles sont durcies.
En parallèle à cette réforme, le Code pénal dans son ensemble a été revu le 22 février 2024 et entrera en vigueur le 8 avril 2026. 

  • La notion de consentement devient centrale.
  • Les nouvelles infractions à caractère sexuel
    • Diffusion non consentie de contenu sexuel (article 417/9 du nouveau code pénal)
    • Diffusion méchante ou lucrative (article 417/10)
    • Voyeurisme (article 417/8)
    • Outrage public aux bonnes mœurs (article 417/51)
    • Harcèlement sexuel
    • Approche d’un mineur à des fins sexuelles (article 417/24)
  • Les violences sexuelles sur des personnes mineures sont imprescriptibles, ce qui permet aux victimes de porter plainte sans limite de temps.
  • La notion d’incitation au suicide fait également son entrée dans le Code pénal belge. Il s’agit d’un une infraction avec des mesures spécifiques : pousser ou inciter quelqu’un à se suicider sera punissable (même si la tentative de suicide ne réussit pas ou n’est pas réalisée). Si cela se produit dans des contextes de vulnérabilités, telles que l’influence d’une relation de pouvoir, de confiance, lors de manipulations mentales, … on considère qu’il y a des facteurs aggravants.  Par exemple : lorsque l’incitation au suicide a lieu dans un contexte de violences envers un ou une partenaire, ou en cas de cyberharcèlement.
     
Bon à savoir 

Pour toute information complémentaire et pour les définitions complètes, il est préférable de consulter le Code pénal belge.

La loi « #Stop Féminicide »

Au niveau belge, la Loi sur la prévention et la lutte contre les féminicides, les homicides fondés sur le genre et les violences, appelée « Loi Stop Féminicide », a été adoptée en 2023. 

Cette loi définit officiellement le féminicide en Belgique et introduit plusieurs mesures clés. Elle établit un Comité scientifique chargé de collecter des données, renforce la protection et prise en charge des victimes, prévoit des programmes de formation et de sensibilisation pour les services professionnels, notamment les corps de police , magistrats et magistrates et le public, etc.

Elle permet de créer un cadre général et conceptuel pour guider les politiques publiques en matière de lutte et de prévention contre les féminicides, les homicides fondés sur le genre et les violences qui les précèdent. 

Elle inscrit donc les féminicides dans un continuum de violences. Il ne s’agit pas de « crimes passionnels » mais bien de la conséquence de différentes formes de violences qui peuvent précéder l’acte. Elle définit également le concept de contrôle coercitif.

Les définitions de la loi « Stop féminicide »


Les définitions de la loi « Stop Féminicide » sont basées sur des textes européens et internationaux. Elle définit trois types de féminicides et l’homicide basé sur le genre. 

  • Le féminicide intime est l'homicide intentionnel d'une femme en raison de son genre, commis par un partenaire ou par un membre de la famille au nom de la culture, de la coutume, de la religion, de la tradition ou du prétendu `honneur' ou pour d'autres motifs.
  • Le féminicide non intime est l'homicide intentionnel d'une femme en raison de son genre commis par un tiers. Il est commis principalement :

    • soit dans un contexte d'exploitation sexuelle
    • soit dans un contexte de trafic ou de traite d'êtres humains
    • soit dans un contexte de violences sexuelles
    • soit dans le cadre d'un continuum de violence en lien avec une relation de pouvoir inégal ou d'un abus de pouvoirs de l'auteur sur la victime
    • soit dans un autre contexte, en raison du genre de la victime

    Par exemple : une femme tuée par son partenaire, une prostituée tuée par un client ;

  • Le féminicide indirect est l'homicide non intentionnel d'une femme en raison de son genre lorsqu'il s'agit de la mort d'une femme résultant de pratiques qui causent un dommage aux femmes, ou le suicide d'une femme qui résulte principalement:

    • soit de violences entre partenaires ou dans un contexte familial
    • soit de mutilations génitales féminines
    • soit de violences commises par un tiers

    Par exemple : un « suicide forcé » d’une femme en raison des violences qu’elle subit de la part de son partenaire, le décès d’une femmes après un avortement forcé.

  • L’homicide fondé sur le genre est l’homicide d’une personne en raison de son genre, ou la mort d’une personne résultant de pratiques dommageables fondées sur le genre pour ces personnes. Ces homicides peuvent être intimes, non-intimes ou indirects.

       Par exemple : le meurtre d’une personne transgenre

Politique coordonnée fédérale

Le Plan d’Action National de lutte contre les violences basées sur le genre

Le Plan d’Action National de lutte contre les violences basées sur le genre (PAN) est un texte stratégique qui encadre la lutte contre ces violences de manière cohérente et coordonnée sur l’ensemble du territoire belge. Il engage différents ministères et secrétariats d’État (égalité des chances, migration, justice, enseignement…) et différents niveaux de pouvoirs (fédéral, régional, communautaire…) à appliquer les multiples mesures inscrites dans le Plan.

Le dernier PAN 2021-2025 est fondé sur la structure de la Convention d’Istanbul et ses 4 piliers. Il porte une attention particulière sur les droits des personnes vulnérables dans la société actuelle, comme les personnes en situation de migration ou les personnes LGBTQIA+.
 

Politiques des entités fédérées francophones

Le Plan intra-francophone de lutte contre les violences faites aux femmes

Le Plan intra-francophone de lutte contre les violences faites aux femmes est un cadre stratégique qui vise à coordonner et à renforcer les actions de prévention et de lutte contre les violences de genre au sein des communautés francophones. Il engage les autorités régionales et locales, ainsi que les acteurs communautaires et les organisations de la société civile, à mettre en œuvre des mesures adaptées aux besoins spécifiques des femmes dans les territoires francophones.

Le dernier Plan 2020-2024 adopté par la Fédération Wallonie Bruxelles, la COCOF et la Wallonie se basait sur les principes de la Convention d’Istanbul et s’organisait autour de 4 axes majeurs : 

  • Mener une politique intégrée de lutte contre la violence basée sur le genre et collecter des données quantitatives et qualitatives sur toutes les formes de violence
  • Renforcer l’information-sensibilisation du grand public, des services professionnels ou encore du public de jeunes
  • Protéger et soutenir les victimes
  • Suivi et prise en charge des auteurs.

Le Plan Droits des Femmes en Fédération Wallonie Bruxelles

Le Plan Droits des Femmes est un cadre qui permet à la Fédération Wallonie Bruxelles de lutter pour la défense des droits des femmes dans toute leur diversité. Le combat pour l’égalité doit viser tous les fronts. Réalistes et volontaristes, les mesures proposées dans ce plan souhaitent mobiliser toutes les compétences de la FWB en faveur des droits des femmes. 

Le dernier Plan 2020-2024 a été adopté par le Gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles et s’articulait autour de 4 axes : 

  • Lutter contre les violences faites aux femmes
  • Déconstruire les stéréotypes et agir sur les représentations
  • Assurer une meilleure représentation des femmes dans tous les secteurs professionnels et à tous les niveaux dans les instances de décision et les postes à responsabilités
  • Faciliter la conciliation vie privée/vie professionnelle.