Témoignages
Elles et ils témoignent...
Mon père a toujours été nerveux dès qu'on le contrarie ou qu'on ne fait pas assez vite ce qu'il veut. Mais depuis qu'il est au chômage, ses colères dégénèrent souvent et plus fort qu'avant. Parfois les disputes me réveillent la nuit. Une fois, je me suis levé et j'ai entendu mon père qui hurlait sur ma mère. Le lendemain, maman a préparé notre petit déjeuner avec le sourire. Je ne sais pas trop ce que je dois faire. Elle arrive à tout cacher, c'est dingue. Je me dis qu'elle a honte. Je voudrais l'aider mais je ne sais pas comment.
Anonyme | Jeunes témoins de violences conjugales, enfants exposés
Il n'y a qu'à l'école que je n'ai pas peur. Mes parents se disputent souvent et il y a fréquemment des coups. Lorsque je quitte la maison le matin, je me demande ce qu'il va s'y passer. Parfois, j'y repense pendant les cours. Le soir, je suis souvent inquiet à l'idée d'ouvrir la porte. C'est la raison pour laquelle je ne reviens jamais avec mes copains à la maison. On ne sait jamais à quoi s'attendre. J'ai raconté tout ça à mon institutrice.
Anonyme | Jeunes témoins de violences conjugales, enfants exposés
Quand il a recommencé, je ne sentais plus mon corps. C’était comme si je devenais spectatrice de la scène. Je ne voulais pas rester dans ce corps paralysé, vide.
Leîla | 29 ANS | Violences sexuelles
Aller au poste de police après le premier viol n’était même pas une option… J’étais coincée dans cette idée selon laquelle j’étais à blâmer. Après le second viol, j’ai hésité… c’est difficile quand cela a lieu au sein d’une relation. Comment pourrais-je expliquer que quelques heures auparavant, nous avions eu une relation sexuelle consentie et que quelques heures après, c’était un viol ? Qui aurait pu me croire ?
Léna | Violences sexuelles, Violences entre (ex-)partenaires, Violences conjugales
Quand j'ai cherché du boulot, je n'avais pas d'expérience ni réseau professionnel. J'ai essayé de trouver du travail mais il me décourageait. Finalement, j'auto-sabotais moi-même mes demandes d'emploi. Il lui a pris une zine d'ouvrir une friterie, j'aimais bien le contact avec la clientèle mais je travaillais tout le temps, comme une forcenée, j'ai fait un burnout. Je gérais tout, je faisais tout pour les enfants. J'avais sa carte de banque mais je ne gardais rien pour moi. Je m'occupais de toute l'intendance, je ne prenais jamais d'argent pour moi, lui avait des belles voitures, c'étaient des Violences économiques mais je ne m'en rendais pas compte car j'avais sa carte bancaire.
Anonyme | Violences économiques, Violences conjugales, Violences entre (ex-)partenaires
Il m'a fallu beaucoup de temps pour partir, parce que financièrement je n'avais rien, il me cachait tout, je ne pouvais pas faire de virements. Je n'étais pas conseillée, notamment quand j'allais chez le notaire. Je n'avais pas de pension alimentaire, ni beaucoup d'aide. Il m'a fallu un an et demi pour me remettre de la séparation et je me suis dit, je n'ai rien eu de lui, pas d'aide financière pour ma faille. Mais maintenant c'est trop tard, je ne sais pas revenir en arrière.
Anonyme | Violences économiques, Violences conjugales, Violences entre (ex-)partenaires
Madame travaille depuis de nombreuses années et a acheté une maison avec son mari. Ce dernier a le contrôle de ses comptes bancaires. Il lui confisque l’entièreté de son salaire et a fait un ordre permanent pour le prêt hypothécaire à partir du compte de Madame, justifiant qu’il l'avait pris entièrement à sa charge durant ses premières années en Belgique. Monsieur devient de plus en plus violent verbalement et hurle sur elle et leurs jeunes enfants tous les jours. Lorsque Madame veut discuter de son autonomie financière, Monsieur la menace de tout lui prendre, y compris les enfants. Depuis plusieurs semaines, le couple fait chambre à part. Madame n’a pas les moyens de prendre un avocat. Elle a décidé de retirer les autorisations sur son compte bancaire ce mois. Elle craint l’embrasement de la situation dès qu’il l’aura remarqué.
Déborah | 38 ANS | Violences économiques, Violences conjugales, Violences entre (ex-)partenaires
Madame a emménagé avec son compagnon en août 2023, et a financé seule la caution locative, les charges, l’ensemble du mobilier neuf, le prêt bancaire auto de Monsieur et des frais d’assurances, les 3 premiers mois de colocation, pour un montant total de 14.000€ en 3 mois à peine. Quand Madame demande à Monsieur de contribuer aux frais, il lui demande de partir si elle ne trouve pas son compte, et que de toute façon, tous les meubles et le véhicule sont à son nom. Il a rapatrié tous les nouveaux meubles dans la chambre d’amis où il dort désormais et a changé les serrures.
Laurence | 41 ANS | Violences économiques, Violences conjugales, Violences entre (ex-)partenaires
Colette a 59 ans et est mariée depuis 3 ans. Elle ne cesse de subir quotidiennement les injures de son époux. Il a obtenu d’elle qu’elle lui verse tous les mois 1.150 € de son salaire. Dernièrement, ce dernier a également exigé de percevoir en cash 300 € de plus. Par ailleurs, il détient la carte bancaire de Madame et effectue les courses et dépenses courantes aux frais de celle-ci. Il garde sa pension de retraite à lui intacte et l’épargne au profit de ses 3 grands enfants issus d’une autre union. Il menace de renvoyer sa femme au pays si elle le dénonce puisqu’elle a moins de 5 ans de mariage.
Anonyme | 52 ANS | Violences économiques, Violences conjugales, Violences entre (ex-)partenaires, controle coercitif
Mes parents pensent que je ne suis pas une bonne fille, que je ne respecte pas leurs traditions et que je leur fait honte. Ils n’acceptent pas que je ne veuille pas porter le voile, que je veuille continuer mes études, avoir une profession, faire mes propres choix. A la maison, il y a trop de menaces, d’insultes envers moi. Il y aussi les coups de mon père et de ma mère. Je n’en peux plus. J’ai décidé de quitter la maison, j’aurai 18 ans dans un mois. En attendant, je me renseigne sur les aides que je peux avoir et je prépare mon départ.
Noria | 15 ANS | Violences liées à l'honneur
Depuis que ma famille a appris que j’ai un petit copain qui n’est pas de la même nationalité, mes parents ont décidé que je n’avais plus besoin de continuer mes études et je vis enfermée, sans téléphone et contrôlée par mes frères. Ma mère m’a emmenée au Planning pour qu’on vérifie si je suis encore vierge. Je pense qu’ils veulent me renvoyer au pays. J’ai expliqué la situation à la gynécologue et elle a promis de m’aider.
Nadia | 17 ANS | Violences liées à l'honneur
Il y a un an, nous sommes allés dans le pays de mes parents pour les vacances. Une fois là-bas, j’ai été mariée avec un cousin que la famille avait choisi pour moi. C’était pour le faire venir en Europe. Je me suis enfuie avec l’aide d’une de mes cousines et je suis rentrée en Belgique. J’étais effrayée, j’avais tellement peur de la réaction de ma famille. J’ai été dans une association où une femme m’a expliqué que je pouvais porter plainte. Je suis allée avec elle à la police et j’ai porté plainte pour mariage forcé.
Fidda | 16 ANS | Mariages forcés
J’avais 17 ans. Un jour, mon papa m’a annoncé que je devais me marier avec un cousin de là-bas. Je ne voulais pas de ce mariage, je voulais continuer mes études et ensuite travailler, faire ma vie quoi… On n’est pas prête à se marier à 17 ans ! J’ai parlé à la médiatrice de mon école qui m’a écoutée, conseillée. Elle m’a accompagnée dans un service pour les jeunes où on m’a expliqué que j’avais le droit de dire non.
Amal | 20 ANS | Mariages forcés
Je pensais que les femmes concernées avaient tellement souffert, qu’elles savaient que ce n’était pas bien. Mais non. Pour elles, ce n’est pas du tout comme ça.
Nicolas | 36 ANS | Mutilations génitales féminines, excision
Je suis professeure et à la rentrée, il m’est déjà arrivée de voir des petites filles qui marchaient difficilement.
Colline | 32 ANS | Mutilations génitales féminines, excision