Mutilations génitales féminines (MGF). Comprendre et agir. Aller au contenu principal
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Mutilations génitales féminines

Les mutilations génitales féminines regroupent l’excision (quand le clitoris et les lèvres internes de la vulve sont coupés) et l’infibulation (quand les lèvres de la vulve sont cousues ou collées). Ces mutilations génitales féminines sont souvent pratiquées sur des fillettes sans aucune nécessité médicale. Elles sont douloureuses et peuvent entraîner des conséquences durables sur les victimes

Mutilations génitales féminines, de quoi parle-t-on ?

Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les mutilations génitales féminines (MGF) sont des «interventions qui altèrent ou lèsent intentionnellement les organes génitaux externes de la femme pour des raisons non médicales ». On parle :

  • D’excision quand la partie externe et visible du clitoris (le gland du clitoris) et les lèvres internes de la vulve sont coupés. Le clitoris est un grand organe qui mesure entre 8 et 10 cm. Sa plus grande partie se situe à l’intérieur du corps et n’est donc pas visible.  
  • D’infibulation quand les lèvres de la vulve sont cousues ou collées pour rétrécir l’ouverture vaginale

Source de l'illustration : https://commons.wikimedia.org/w/index.php?lang=fr&title=File%3AClitoris_Anatomy.svg

Quelles sont les conséquences de ces mutilations ?

Excision et infibulation ont des conséquences physiques, émotionnelles et psychologiques très graves :

Les conséquences immédiates : douleurs généralement ressenties au moment de l’excision, traumatisme psychologique, hémorragie, infection, décès... 

Les conséquences à moyen et long terme : douleurs, difficulté à uriner, pas d’écoulement du sang pendant les règles menstruelles, infections à répétition, complications lors de l’accouchement, troubles de la sexualité, problèmes de santé mentale…

Mutilations génitales féminines dans l’entourage ? Que faire ?

Une femme ou une fillette de l’entourage a subi une mutilation génitale féminine ?  On peut craindre qu’elle en soit bientôt victime ?  Des services spécialisés existent et proposent des conseils et de l’accompagnement.  De quoi se renseigner sur les démarches possibles à entreprendre. 
 

Le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (GAMS )
02/219.43.40 
info@gams.be 

Sur la base des informations objectives fournies, une évaluation du risque est réalisée : 

  • Le risque est faible ou prévu dans plus de 2 jours (non imminent) ? Le GAMS proposera un dialogue avec la famille.
  • Le risque est important et prévu dans les 2 jours maximum (risque imminent) ? C’est par exemple le cas si un départ en vacances est planifié dans un pays où se pratiquent beaucoup d’excisions ou dans une famille favorable à cette pratique. 
    Dans une telle situation, des actions peuvent être mises en place pour empêcher le voyage de la fille dans le but d’empêcher l’excision. Quel type d’action ? Une interdiction de sortir du territoire, par exemple. 


Trouver de l’aide
 

FAQ

Questions fréquentes

La situation à risque la plus fréquente est en effet un séjour dans le pays d’origine. Voici quelques conseils sur les précautions à prendre, avant le départ, pendant le séjour et après le retour en Belgique. 
 

Précautions à prendre avant le départ :

  • Prendre contact avec le GAMS Belgique. Ces services spécialisés donnent des conseils et des documents qui peuvent aider à protéger une jeune fille. Ils seront attentifs à la situation jusqu’à son retour en Belgique.
  • Demander au GAMS de recevoir les textes de loi qui interdisent l’excision (dans la langue du pays concerné).
  • Chercher du soutien auprès de personnes (professionnelles ou membres de la famille) qui peuvent faciliter la discussion avec les autres membres de la famille en Belgique et dans le pays concerné.   
  • Chercher des personnes alliées dans le pays où se déroule le voyage/dans le pays d’origine, elles fourniront de l’aide pour protéger la jeune fille. Il s’agit par exemple du comité national de lutte contre l’excision ou des associations locales qui luttent contre l’excision
    La jeune fille est en âge de comprendre ? Il faut tout lui expliquer : les dangers de l’excision, les raisons d’un suivi médical et comment vous allez la protéger.
  • Avant de partir, faire examiner la jeune fille par un ou une médecin spécialiste dans les questions liées à l’excision. Le GAMS peut fournir les contacts et on peut aussi trouver ici de l’aide.
  • Demander un certificat médical « d’intégrité des organes génitaux externes ».
  • Signer une déclaration sur l’honneur disant que vous protégez votre fille de l’excision et emmener ce document lors du voyage.
  • Emporter le « Passeport STOP MGF ». Il peut vous soutenir en cas de pression de la famille. Il rappelle la loi et les peines (de prison) que l’on risque, ainsi que la famille si la jeune fille est excisée, même si l’excision est faite à l’étranger.

Voici ce qu’il faut faire pendant le voyage ou le séjour :
 

  • Faire connaître clairement à l’ensemble des membres de la famille la décision de ne pas faire exciser la fillette.
  • Expliquer que l’excision est un crime punissable par la loi belge même si elle a lieu ailleurs qu’en Belgique. En Belgique, et dans d’autres pays, l’excision est un acte de torture. On peut appuyer ces paroles en montrant et en remettant le « Passeport STOP MGF ».
  • Contacter une organisation spécialisée en cas de questions sur la protection d’une fille contre l’excision.
  • Conseiller de rester toujours proche de sa fille pendant le séjour : ne jamais la laisser sans la surveillance du parent accompagnateur y compris chez une personne de la famille.
     

Ce qu’il faut faire au retour :

  • Retourner chez le même ou la même médecin qu’avant de partir. Il ou elle pourra certifier qu’il n’y a pas eu d’excision.
  • Si un contact a été pris avant le départ avec une association, l’informer que tout va bien.  
     

Les raisons données varient selon les pays et les ethnies, mais aussi au sein d’une même ethnie. Aucune de ces justifications ne peut légitimer une excision.

Voici les justifications les plus fréquentes : 

  • Le respect de la coutume ou de la tradition 
    Quand on demande  « Pourquoi exciser ? » une réponse classique est : « Cela s’est toujours fait dans notre culture. Ça se fait, c’est tout. C’est naturel, c’est normal ».
  • La cohésion sociale, l’intégration sociale 
    En gros, l’excision se pratique pour être comme toutes les femmes, pour ne pas être exclue.
  • Le mariage 
    À la question « pourquoi l’excision », on vous répond souvent qu’une fille non excisée ne trouvera pas de mari. Certaines mères reconnaissent les dangers des mutilations génitales féminines, mais avouent que le risque de ne pas se marier est pire que le risque d’avoir des complications suite à l'excision. Pratiquer l’excision est, d’après elles, le meilleur choix qu’elles puissent faire pour leurs filles.
  • La virginité, la chasteté, la fidélité 
    Les mutilations génitales féminines sont vues comme un moyen de préserver l’honneur de la famille en prévenant tout désir sexuel de la jeune fille. Elles permettraient aussi d’éviter une grossesse avant le mariage.
    Dans le cadre des mariages polygames, où le mari pourrait peut-être ne pas satisfaire sexuellement l’ensemble de ses épouses et où la femme pourrait être frustrée et tentée d’avoir une relation hors mariage, les mutilations génitales féminines sont vues comme un moyen de préserver l’honneur du mari.
  • La fécondité 
    Il existe beaucoup de mythes autour de l’impact négatif du clitoris (partie externe) sur la fécondité. La pratique de l’excision serait censée accroître la fécondité et favoriser la survie du nouveau-né. Ainsi certaines communautés pensent que :
    • le clitoris atteindra la taille du pénis s’il n’est pas coupé
    • e clitoris est dangereux car il pourrait blesser l’homme pendant la pénétration et le rendre impuissant ou stérile
    • le clitoris pourrait entrainer la mort du nouveau-né s’il touche sa tête.
  • La séduction, la propreté 
    Dans les ethnies qui pratiquent l’infibulation, un sexe ouvert, béant, est considéré comme laid. Un sexe cousu et épilé est perçu comme plus hygiénique et il est censé rendre la femme plus attrayante aux yeux de son mari.
  • La pureté, la propreté 
    Tant qu’une fille n’aura pas été excisée ou infibulée, elle sera considérée comme impure et sale.  Il lui sera du coup interdit de préparer le repas ou de servir à manger.
  • La religion 
    Les mutilations génitales féminines (MGF) étaient pratiquées avant l'apparition des religions comme l'islam, le christianisme ou le judaïsme. Ni le Coran ni aucun autre texte religieux ne commandent l'excision ou l'infibulation, mais certaines communautés la pratiquent en pensant que c'est une obligation religieuse.
    Notons que les MGF perdurent parmi des communautés chrétiennes (catholiques, protestantes, coptes), juives d’Éthiopie et animistes. Ces diverses autorités religieuses ont des opinions différentes : certaines les encouragent, d’autres les considèrent comme étrangères à la religion et, d’autres encore, luttent pour leur abolition.
    En ce qui concerne l’islam, lors d’une réunion internationale à l’université d’al-Azhar au Caire en 2006, de hauts représentants sunnites se sont prononcés contre les MGF (fatwa déclarant que les MGF sont infondées en droit musulman).
    Les MGF de type 1 sont souvent dénommées « sunna » par les communautés musulmanes. « Sunna » désigne, dans l’islam, ce que Dieu considère comme bon. L’utilisation de ce terme pour parler de l’excision participe à la confusion et à l’idée que les MGF seraient une prescription de l’islam.

    On trouve ici le nombre de cas de mutilations sexuelles féminines dans le monde

  • La reconnaissance des exciseuses dans la société
    Le statut social et économique des exciseuses ne fait pas partie des justifications données. Mais on peut toutefois le considérer comme un élément favorisant la continuité de ces pratiques. En effet, les mutilations génitales féminines sont une source de revenus et de reconnaissance sociale pour les exciseuses. Elles n’ont, dès lors, pas intérêt à arrêter la pratique. De plus, le rôle d’exciseuse peut être également transmis par filiation. Il peut être attendu d’une fille d’exciseuse qu’elle devienne elle-même exciseuse, par obligation, sans que ce soit considéré comme un choix.
     

Certaines filles subissent une réexcision avant le mariage. Dans quels cas ? Si l'on constate que la première intervention n'a pas été correctement effectuée. Ou, dans le cas des infibulations, si la cicatrice s'est rouverte spontanément. Ces pratiques sont souvent motivées par des pressions sociales et des attentes culturelles relatives à la pureté et à la chasteté des jeunes filles. Certaines filles peuvent également subir des réexcisions car elles sont jugées pas assez dociles ou soumises aux yeux de leur famille ou lors de la découverte de leur orientation sexuelle.

Non, toutes les excisions ne sont pas identiques. Il existe plusieurs types de mutilations génitales féminines (MGF), chacune a ses caractéristiques :
 

  • Type I · Clitoridectomie : ablation partielle ou totale du gland du clitoris et/ou du capuchon du clitoris
  • Type II · Excision : ablation partielle ou totale du gland du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres
  • Type III · Infibulation : rétrécissement de l'ouverture vaginale en recouvrant cette zone, souvent en coupant et en repositionnant les petites ou grandes lèvres, parfois par suture. Cela peut se faire avec ou sans ablation du capuchon et du gland du clitoris
  • Type IV : toutes les autres interventions néfastes aux organes génitaux féminins réalisées pour des raisons non médicales, comme le fait de piquer, de percer, d’inciser, de racler ou de cautériser les organes génitaux.

Il est fréquent de distinguer les mutilations génitales féminines en deux grandes catégories : l’excision et l’infibulation (la distinction entre les types 1 et 2 n’est pas toujours aisée à faire pour un ou une médecin qui n’a pas l’habitude des questions liées aux mutilations génitales féminines).
 

Législation

Ce que dit la loi

Les mutilations génitales féminines (MGF), aussi appelés excision sont strictement interdites en Belgique.

Il est illégal de pratiquer, de faciliter, de favoriser ou même de tenter de commettre toute forme de mutilation des organes génitaux d’une personne de sexe féminin, avec ou sans le consentement de celle-ci (article 409 du code pénal).  

Les peines 

Les peines prévues sont de :  

  • 3 à 5 ans d’emprisonnement pour l’infraction de base ;  
  • 8 jours à 1 an pour la tentative ;
  • Des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans si des circonstances aggravantes sont établies.

La peine peut être alourdie en cas de de circonstances aggravantes:  

  • Victime mineure
  • Séquelles physiques ou psychologiques importantes  
  • Mobile lucratif
  • Situation de dépendance ou de vulnérabilité (ex : lien d’autorité de l’auteur sur la victime - parent, médecin)  

Délai de prescription

Pour les victimes mineures : il n’y a pas délai de prescription, l’infraction peut être poursuivie à tout moment, même des années plus tard.  

Pour les victimes majeures :  

  • 5 ans en cas d’infraction simple  
  • 10 ans si une circonstance aggravante est reconnue  

Et si l’excision a lieu à l’étranger ?

Grâce au principe d’extraterritorialité, la Belgique peut poursuivre et condamner:

  • Toute personne présente sur son territoire,
  • Même si l’excision a été pratiquée à l’étranger.

Cela concerne :

  • L’auteur ou l’auteure des faits,
  • Mais aussi toute personne ayant facilité, favorisé ou organisé l’excision, y compris les parents ou proches, dès lors que la victime est mineure.

Organismes

Services professionnels

Maison Plurielle

Elle offre un suivi psychosocial à court, moyen ou long terme en respectant les choix de chacune. Accompagnées par une équipe pluridisciplinaire...

Alternatives - Soralia

AlternativeS est un service d’accueil, d’orientation et d’accompagnement pour toute personne concernée par de la violence entre partenaires (violence...

Ressources

Outils de référence

Brochure d'information

Informations sur les violences et leurs conséquences sur la santé

Brochure d'information sur les violences et les conséquences sur la santé à destination des jeunes

Outil, support d'aide à la pratique professionnelle

Asile en Belgique et violences de genre : les étapes de l’identification et...

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Guide sur le traumatisme vicariant : Solutions recommandées pour les person...